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Pourquoi François Hollande va gagner en 2012

Les déboires new-yorkais de Dominique Strauss-Khan, candidat putatif du PS, semblent avoir ouvert une ère d'incertitude pour les primaires socialistes et donc pour l'issue de la prochaine élection présidentielle.  En fait ce n'est qu'une apparence, il n'en est rien, car la nature ayant horreur du vide un nouveau champion s'est imposé rue de Solférino: François Hollande. Le député de la Corrèze sera le candidat du PS, se qualifiera pour le second tour et battra sans coup férir Nicolas Sarkozy, si celui-ci arrive à se qualifier au premier tour.

La dynamique de l'investiture au bénéfice du favori

Si François Mitterand s'impose comme le candidat du PS à l’élection présidentielle de 1981, bien que les Français de gauche comme de droite, lui préfèrent Michel Rocard, c'est parce qu'il contrôle l'appareil du parti.
Les temps ont bien changé, aujourd'hui les militants et les sympathisants de gauche ont les yeux rivés sur les sondages, la première préoccupation des sympathisants de gauche n'est ni le chômage, ni la crise économique, ni l'insécurité (et cela ne le sera jamais), ni les retraites, ni le pouvoir d'achat, c'est battre Nicolas Sarkozy. Pour atteindre cet objectif le choix se portera donc sur celui qui a le plus de chance de battre le président actuel au deuxième tour de la présidentielle. Selon les derniers sondage Hollande l’emporterait face à Sarkozy avec 62% des voix quand Aubry ne fait "que" 59%. Cette "dictature" des sondages a profité à Ségolène Royale et à DSK, cela profitera à François Hollande aujourd'hui.

Y-a-t-il un chance que cela change? Non. D'abord sur le fond, il n'y a aucune différence politique entre la fille naturelle de Delors et son fils spirituel, les deux sont des sociaux-démocrates qui ne remettent en cause ni la mondialisation telle qu'elle se fait ni l'économie de marché. Ensuite les outsiders (Royal, Montebourg, Valls etc.) sont trop marginalisés pour espérer revenir dans la course. Enfin cette avance va s'accentuer grâce/à cause d'un effet dynamique, le favori des sondages rassemblant sur sa personne et au fil du temps, de nouveaux supporters qui le soutiennent non pas pour sa valeur personnelle mais parce qu’il est celui le plus à même de gagner. C'est l'effet fil d'attente au cinéma, on va voir le film qui est le plus vu en se disant que si il y a autant de personnes qui veulent le voir c'est qu'il doit être bon. Favori des sondages pour la primaire depuis la chute de DSK (39% pour le corrézien contre 33% pour la maire de Lille d’après un sondage publié dans le Figaro du 29 mai)  François Hollande est un blockbuster.

Le syndrome du 21 avril est le meilleur ami du candidat PS

Même si les gens aiment à se faire peur, la probabilité de voir se répéter un 21 avril, avec l'élimination du candidat socialiste dès le premier tour, est nulle. 3 raisons à cela. 1- Le "traumatisme" chez l'électorat de gauche a été si fort que ceux qui hésitent entre un vote PS/Vert ou PS/extrême gauche vont se rabattre sur le candidat socialiste. 2- Le parti radical de gauche, principal responsable de l'élimination de Jospin en 2002,  ne présentera pas de candidat. 3- Sarkozy étant le président le plus impopulaire de la V ème république, on a plus de chance de vivre un 21 avril inversé (le candidat de droite éliminée au 1er tour). Je laisse aux amateurs de science-fiction le scénario des candidats PS et UMP éliminés tous les deux au premier tour.

Hollande vs X: victoire annoncée par KO

L'élection présidentielle de 2012 sera l'inverse de celle de 2007. L'année prochaine l'objectif du candidat PS sera de gagner devenir président alors que le candidat de droite pensera d'abord à ne pas être éliminé dès le premier tour. La tâche sera pour le "petit Napoléon" qui devra combattre sur trois fronts: 
- Gagner la bataille du centre en dissuadant les Borloo, De Villepin, Bayrou et Morin de se présenter à l’élection, en leur promettant un poste de premier ministre par exemple. Malheureusement, il n'y a pas quatre poste de premiers ministres à pourvoir dans un gouvernement.
- Empêcher la défection des électeurs de la droite extrême ou de l’extrême-droite et leur retour vers le front national. Cela va être difficile de refaire le coup de 2007, mais qui sait!
- Remobiliser l'électeur traditionnel de la droite, celui qui a été déboussolé - pour ne pas dire plus - par l'ouverture à des personnalités de gauche, les prises de positions de leaders UMP en faveur de quelques délinquants ou criminels.
La difficulté des batailles menées sur plusieurs fronts est que pour gagner sur l'un d'eux il faut en découvrir au moins un autre.

Le bilan de Nicolas Sarkozy est-il bon ou mauvais? On pourrait en discuter des journées sans se mettre d'accord. Sur le plan économique, si on compare la France à la Grèce, le bilan est excellent et si on prend l’Allemagne, il est franchement moins flatteur. Mais la France n'est ni la Grèce ni l'Allemagne. Sur le plan de la sécurité des biens et des personnes le résultat des années Sarkozy est médiocre (le nombre de crimes baisse mais la délinquance augmente) cependant le candidat PS n'ira pas le provoquer sur un terrain où la gauche est toujours mal à l'aise. A l'international, Sarkozy a rencontré quelques succès mais le candidat de gauche  pourra toujours le rétorquer que ce sont des succès d'apparence et que rien n'a vraiment changé sur le fond.

De toutes les manières tout cela n'a pas grande importance car si les élections présidentielle se jouaient sur un bilan et pas sur un projet, Giscard aurait été réélu en 1981, Mitterand n’aurait pas été réélu en 1988 ni Chirac en 2002.  

La France est un pays francophone et François Hollande maitrise le français contrairement à son ex-compagne ou au président, il ne lui reste donc plus qu'à apprendre à parler aux Français. Nicolas Sarkozy a un tout autre défis à relever, il agace franchement les Français et pas seulement ceux de gauche. Mais les Français sont un peuple doté d'une certaine rationalité et prêt à élire une personne antipathique pourvu que les résultats soient au rendez-vous. Malheureusement les résultats promis ne sont pas atteint et il sera difficile de faire accepter aux Français que "c'est à cause de la crise que personne n'aurait pu prévoir". Le plus difficile sera d'effacer la tâche d'infamie qu'est devenu, injustement selon moi, le "bouclier fiscal". Prendre une mesure pour limiter la fuite des capitaux et des cerveaux, voir faire revenir en France ses plus brillants ou plus riches enfants n'était pas une mauvaise idée, c'est peut-être le nom choisi qui l'était.

La seule chance de Nicolas Sarkozy de l'emporter c'est que la France entière se laisse attendrir par le joli minois de Sarkozy-Bruni Jr.  C'est pas gagné d'avance.



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