Blogger Widgets

Le retour de l'Armée: la seule solution pour la Grèce?

A la grande joie de tous les euro-sceptiques de la planète entière, le peuple grec a voté massivement, lors des dernières élections législatives, pour des partis politiques rejetant la politique de rigueur mis en place par un gouvernement d'union national. Conséquence de ce choix, une majorité parlementaire impossible à trouver et  l'organisation de nouvelles élections le 17 juin. D’après les derniers sondages publiés, les Grecs ont l'intention d’amplifier ce vote de rejet de la classe politique traditionnelle.

La colère de Grecs est compréhensible, voir salutaire, psychologiquement cela fait du bien de pouvoir se soulager quand la pression et le stress sont trop forts, mais un scrutin si important à un moment si crucial pour le pays est-il le lieu idéal pour exprimer des choix irrationnels?

Les Grecs votent mal

"Mal voter", ce n'est pas voter pour un parti dont les dirigeants ne partagent pas les  idées de la Troïka (UE-BCE-FMI), de Wall street ou celles de l'auteur de ces lignes. Ce n'est pas non plus avoir des votes si dispersés sur l'échiquier politique (aucun parti ne dépasse un cinquième des suffrages exprimés) et si excessif (presqu'un électeur sur deux donnant sa voix à un parti d’extrême droite ou d’extrême gauche), que cela  conduit à l'impossibilité de dégager une majorité parlementaire assez large pour soutenir un gouvernement stable.
"Mal voter" c'est donner sa voix à des personnes qui non seulement ne représentent pas ses idées mais qui  même en sont à l'opposés. La Grèce est un cas d'école; les trois-quarts des Grecs (75,9%, sondage réalisé entre le 15 et 17 février et  publié par le quotidien Ethnos) se prononcent en faveur "de la perceptive européenne" de leur pays et ne souhaitent pas "la sortie de l'euro" alors qu'ils accordent deux tiers de leurs voix à des partis politiques qui rejette de fait (même si leurs discours sont différents) l'appartenance à l'Union européenne et à l'euro. Pourtant la Grèce est le pays qui reçoit le plus d'aide de toute l'Union européen va comprendre Charles. 

Les Grecs commettent un suicide collectif. Voter Alexis Tsipras - le leader de la gauche radicale un Mélanchon sauce  tzatziki en plus jeune et plus beau - ou pour l'Aube dorée, abusivement étiqueté de parti néo-nazi (le parti propose "seulement" de renvoyer dans leur pays d'origine les immigrés illégaux, c'est de l'eau tiède pour les "vrais" Nazis), ce n'est pas la même chose que donner sa voix à Le Pen ou au NPA. Non pas à cause de leurs positionnements politiques, plus radicaux que leurs équivalents français,  mais à cause du mode de scrutin en Grèce. Les législatives grecques se font à la  proportionnelle avec une prime de cinquante élus au premier arrivé et un seul tour. Un one shot qui ne permet pas de corriger le tire du premier tour contrairement à la législative française.

On sait bien que de nombreux électeurs qui votent pour l'extrêmes gauche ou pour l’extrême droite ne désirent pas voir arriver Mélanchon, Poutou  ou Le Pen au pouvoir, leur seule intention est de gauchiser le PS ou de droitiser l'UMP. En Grèce le vote est définitif puisqu'il n'y a pas de deuxième tour, et comme le parti d'extrême gauche -  Siryza - est arrivé devant le parti socialiste grec (Pasok) il n'est pas étonnant qu'un effet de "vote utile" leur bénéficie (en France on a plus l'habitude que ce phénomène bénéfice aux deux poids lourd modérés que sont le PS et l'UMP).
Et pourtant les Grecs ont accordé plus de 65% de leurs suffrages à des partis qui refuseraient, si ils étaient au pouvoir, d'appliquer les engagements pris par l'ancienne majorité d'union nationale et stipulés par le mémorandum signé entre la Grèce et la troïka. Rappelons que cet accord permet à la Grèce de ne pas faire faillite; les trois créanciers apportent un soutient financier et technique à la Grèce qui en retour s'engage à effectuer un certain nombre de réformes structurelles. Sans ces réformes, qui sont bien sûr des sacrifices, la Grèce ne touchera pas les aides promises, sans ces aides la Grèce fera faillite et se mettra au ban de l'UE avec à terme une sortie inévitable de l'Union puisque les textes européens ne prévoient pas de sortie de l'euro sans quitter l'UE.

Le peuple grec ne peut plus faire chanter les autres peuples européens

On pourrait me rétorquer que je n'ai rien compris à la stratégie - trop subtile - menée par le peuple grec et que l'objectif est de toucher les aides de l'Union et du FMi ad vitam æternam, de continuer à  vivre au dessus de ses moyens et à ne faire aucune réforme de structurelle. En claire à prendre les Européens et le reste du monde pour des gogos. Malheureusement cette stratégie ne marchera pas. Non seulement les dirigeants des pays partenaires (si on peut les appeler comme cela) sont à bout de nerf, mais un mécontentement des populations se fait sentir à l'endroit des Grecs. Ce mécontentement se traduit, par exemple, par la progression des partis populistes d'Europe du Nord qui prend souvent comme cible "l'Europe des transferts". Même le "très généreux et solidaire" peuple de France perd patience (68% des français interrogés dans un sondage IFOP pour dimanche Ouest-France étaient en désaccord avec le coup de pouce donné à la Grèce en septembre 2011). Les actionnaires du FMI constitués en majorité de pays non-européens s'agacent de devoir financer un pays plus riche que le leur. Le pire est que les pays riches et moins riches de l'UE, même avec la meilleure volonté du monde, n'ont plus les moyens d'entretenir une danseuse. Comment Hollande pourrait-il embaucher 60.000 fonctionnaires si dans le même temps la France devait assurer les fins de mois des fonctionnaires grecs? Plus globalement l'Europe sait que la centaine de milliards d'euros prêtée à la Grèce ne sera jamais remboursée; le chantage du non-remboursement est donc inopérant.

Bien sûr, le retour des militaires n'est pas la solution. Ce serait même un problème supplémentaire; d'abord les traités européens interdisent la présence dans l'Union d'un pays sous dictature, ensuite l'armée grecque est à l'image du reste de la société, clientélisme, corruption et mauvaise gestion sont le lot commun et surtout le budget de l'armé étant le plus important au monde rapporté au PIB, les militaires ne vont pas scier la branche sur laquelle il sont assis. 
Les militaires eux-mêmes ne désirent surement pas sortir des casernes, les mentalités ont évoluées et les équilibres géo-stratégiques ont été; les USA ne financeront pas un plan Marshall pour sauver le pays du péril communiste.

Le titre racoleur que j'ai choisis me sert de chiffon rouge pour dire que la démocratie en Grèce est en danger. Pour une fois ce danger ne vient pas des casernes ou de l'autre côté de la mer Egée mais de l'intérieur même de la société. Le peuple se met en danger lui-même. Les Grecs en ont-ils conscience? Le jour du vote j'espère que les mains trembleront en mettant le bulletin de vote dans la petite enveloppe et qu'ils prendront conscience qu'il vaut mieux choisir des menteurs (Pasok et Nouvelle démocratie) sous curatelle de la troïka  que de dangereux illuminés (Siryza, Grecs indépendants, les Staliens du KKE et les Néo-nazis de l'Aube Dorée)  qui de toute les manières n'arriveront  jamais à former une coalition pour gouverner - si tant est qu'ils le désirent -.

Le deuxième enseignement qu'on peut tirer des prévisions données par les sondeurs est que Syriza, même avec plus de 40% des parlementaires, est incapable de former un gouvernement puis qu'il ne peut trouver aucun parti compatible avec son programme pour lui apporter les 30 députés nécessaire pour atteindre la majorité de la chambre.

Elections législatives grecques: résultats et prévisions
Sept plus importants

Résultats de mai 2012
 

Prévision pour juin 2012(*)
Partis politiques

Voix
 

Sièges

Voix

Sièges
€ = acceptant le mémorandum de la troïka       *: selon le dernier sondage (17 mai)                  @advocatus-diaboli-capitalis
Nouvelle démocratie (droite) € 18,85 % 108 20,65 % 60
Syriza (Gauche radicale) € 16,78 % 52 23,91 % 121
Pasok (parti socialiste) 13,18 % 41 17,72 % 44
Grecs indépendants (droite) 10,60 % 33 8,15 % 24
KKE (parti communiste) 8,48 % 26 5,98 % 17
Aube dorée (extrême droite) 6,97 % 21 5,98 % 17
Dimar (gauche) 6,11 % 19 5,98 % 17
Partis pro-mémorandum 32,03 % 149 38,37 % 104
Partis anti-mémorandum 67,97 % 151 2,10 % 196
Total des partis représentés 80,97 % 300 88,37 300

Si les Grecs s'entêtent dans des choix électoraux irréalistes et extrémistes, ils seront face à un dilemme, la valise ou le cercueil; émigrer ou mourir à petit feu. Des milliers de Grecs ont repris la route de leurs ancêtres vers les USA, l'Australie ou l'Allemagne. Une tragédie et un déchirement pour ceux qui partent mais aussi un appauvrissement pour la Grèce qui en se privant de citoyens jeunes, motivés et souvent bien formé hypothèque encore plus son avenir.

0 commentaire(s):

Commentaires

Votre commentaire sera publié après modération.

blogger